Entendons-nous bien

tenue ~ Les rues étaient blindées, tu n'avais même pas pensé une seule seconde à prendre ta voiture pour aller te balader, c'était inutile. Autant prendre les transports en commun, ou marcher, oui, marcher, tu préférais cela plutôt que de devoir te coller à d'autres personnes. Les échanges de microbes n'étaient pas vraiment ce que tu aimais chez les contacts physiques, alors tu les évitais d'autant plus. Ton aversion pour le moindre contact te donnait des frissons de dégoût, tel que tu ne pouvais retenir ton visage de se déformer par une grimace très expressive sur ce que tu ressentais. Tu optas donc naturellement pour la marche, te dirigeant dans le sens de la foule, pour éviter de te les prendre de plein fouet. Il s'annonçait un truc, mais tu ne savais pas trop quoi. Tu ne le sus qu'en voyant tous ces gens habillés d'une drôle de façon, cette foule immense qui s'accumulait pour prendre des photos avec ces personnages venus d'une autre dimension. Du moins, c'était le but du cosplay, se faire des fantasmes sur des fictions. Tu poussas un petit soupir, te dirigeant vers un des stands pour t'acheter un café, tu te demandais le goût qu'il pouvait avoir. Toi, qui n'avais pas l'habitude de sortir, te retrouvais dans un troupeau de fous furieux, avides de remplir leur portable de souvenirs inutiles. Tu poussas un soupir en tendant l'oreille alors que, juste à côté de toi, un type semblait content du plan qu'il montait. Tu n'avais pas bien compris son délire, de quoi il parlait, mais il avait plutôt l'air satisfait. Un petit billet échangé discrètement avec son compère, et tu haussas un sourcil. Tu récupéras ton café, reprenant ta route vers nulle part, l'odeur de la boisson n'avait pas l'air si horrible, jusqu'à ce que tu portes tes lèvres sur le verre en plastique. Tu t'arrêtas à seulement quelques centimètres du récipient. Tu n'avais pas eu le loisir de ressentir l'arôme sur ta langue que tu avais décrété qu'il serait imbuvable.

Tes yeux dans la foule, ce liquide noir dans une de tes mains, tu marchais sans but réel, tu étais venu voir de quoi était fait le monde, comment il fonctionnait, quel était son roulement quotidien. La ville était bondée, à croire que ce genre d'événements attirait plus que les fans de cosplays et les acteurs. Comme une fourmilière à taille réelle, tu étais l'un des petits soldats qui ramenaient de l'argent au gouvernement. Tu regardas ta montre, une manie que tu avais chopé depuis quelques temps, avant de relever les yeux, sur deux personnes, deux cosplayers d'après leur accoûtrement. Tu reconnus l'un d'eux, c'était celui qui avait échangé un petit billet avec un voyou, au stand de café. Ton cerveau tourna rapidement, alors que tes yeux cherchaient déjà le deuxième gars, qui s'approchait du troisième individu, celui dont le visage t'était totalement inconnu. Tu n'aimais pas faire ce genre de choses, mais tu ne savais pas ce qu'ils avaient manigancé, et la tournure des événements pouvait rapidement tourner à l'horreur. Tout se passa en quelques secondes, ton regard assassin dans celui qui approchait, d'un coup dissuadé de son coup du siècle ; ton café renversé sur le cosplayer reconnu, qui semblait concerné par son costume plutôt que par toi. Dommage pour lui. De toute façon, ce café avait réellement l'air affreux. Un rire résonna de ta gorge, léger, mais tout de même présent, avant que tu ne t'éclipses dans la foule dense. Inutile de rester ici plus longtemps, tu voulais manger un truc, un vrai truc, et ce n'était pas sur ces stands improvisés que tu allais être satisfait.

Cependant, on aggripa ton bras et tu te retrouvas dans un coin reculé, au calme. Tu aurais presque pu remercier ce gosse de t'avoir amené dans un endroit un peu moins blindé, si seulement, il n'avait pas osé te toucher. Ton regard glacial, les sourcils froncés, tu le regardais en espérant qu'il te donnerait un indice du "pourquoi tu étais là". Ce qui vint très vite. Un petit rictus apparut sur tes lèvres, se détachant physiquement de lui, et de son style vestimentaire plus que douteux. « Et si c'était le cas ? » L'insolence dans ta voix ne laissait pas de doutes, tu l'avais fait délibérément, comme il l'avait si gentiment demandé. Et tu n'avais pas vraiment de regrets.